Georges Rousse s’est emparé de la Station Sanitaire de Marseille du 29 août au 5 septembre : la réalisation de son œuvre est diffusée sur notre site internet
> Le projet
Après New York, Tokyo, Jérusalem, Londres, Madrid, …, et le Château de Chambord cet été, le plasticien photographe Georges Rousse a installé son atelier d’artiste éphémère et sa chambre photographique dans l’ancienne station sanitaire maritime à Marseille, invité par la Fondation Regards de Provence, du 29 août au 5 septembre 2011. La réalisation de son œuvre est retransmise sur le nouveau site de Regards de Provence et sur la Chaine Regards de Provence sur YouTube. Un film en timelapse de quelques minutes avec travelling et effets a été mis en ligne deux fois par jour pour assurer l’actualisation. Ainsi, les internautes peuvent suivre l’évolution de l’œuvre en léger décalé.
Georges Rousse a réalisé deux installations dans la Station, avant les travaux de réhabilitation en Musée Regards de Provence. L’artiste investit des lieux abandonnés, des locaux en friche, des espaces voués à la destruction depuis plus de trente ans dans le monde entier. Il métamorphose l’espace vide, magnifie l’architecture et les proportions imposantes, exploite la lumière, pour y créer une œuvre provisoire et unique.
À l’occasion de l’année Marseille Provence Capitale Européenne de la Culture en 2013, la Fondation Regards de Provence implante sa structure dans ce lieu pérenne et réhabilite ce bâtiment, construit par les architectes Champollion, Pouillon et Egger en 1948. Labélisée Patrimoine du XXème siècle, la station est intimement liée à l’histoire de Marseille et à son port. L’intervention plastique de Georges Rousse est un moyen d’immortaliser le lieu en l’inscrivant dans son projet de rénovation et en l’intégrant comme œuvre d’art dans la collection de Regards de Provence. Invitation au voyage, l’artiste explore les endroits en déshérence. À la recherche de poésie, il met en scène des créations provisoires dans le respect de la mémoire des lieux.
> La technique utilisée par le photographe-plasticien
Mêlant architecture, peinture et photographie, Georges Rousse joue des lois de la perspective établies à la Renaissance. Il utilise la technique de l’anamorphose (image déformée par effet d’optique) pour transformer une installation faite dans les trois dimensions de l’espace (mur, sol, plafond) en une figure géométrique placée au centre de l’image. À la frontière entre le réel et l’illusion, le photographe oblige le spectateur à un effort de perception. Suivant l’endroit où l’on se place, la vision de son œuvre est déformée ou transformée. La forme géométrique parfaite n’est visible par le visiteur que d’un point unique, celui choisi pour la prise de vue. L’œuvre achevée est toujours la photographie finale, seule trace de son installation. Jeu de superposition entre le plan et la profondeur, l’artiste donne la perception des volumes. Son installation est une véritable sculpture, monumentale, par ses proportions imposantes, aérienne et légère par le jeu des transparences.
> Explication de la démarche de l’artiste
- Première installation
La première installation, terminée depuis mardi dernier, se trouve dans la salle des DDT, pièce où, dans la lutte contre les maladies venues de la mer, les immigrés étaient désinfectés avant de sortir du bâtiment. L’édifice, tel que Georges Rousse l’a découvert, est chaotique. Confusion et désordre général caractérisent ce lieu laissé à l’abandon depuis des années (voir histoire de la Station Sanitaire). Négligé, squatté, brulé, l’artiste parle d’un édifice qui a perdu son histoire et son âme. Face à la mer, le futur Musée Regards de Provence est situé au J4, principal pôle culturel de Marseille pour 2013. En harmonie avec cette localisation, la démarche du photographe-plasticien se rattache à l’horizon, au lever du soleil. Dans cette pièce calciné où la suie s’est déposée sur le mur, l’installation est un rectangle rouge au centre de la salle. Le rouge représente l’incandescence, le feu sur l’horizon, lui-même symbolisé par le format panoramique de la forme géométrique. Un intermittent du spectacle et trois étudiants en arts plastiques ont participé à la réalisation de cette première installation. Quand Georges Rousse, derrière sa chambre photographique, donne des indications sur les contours de la forme géométrique, les assistants s’appliquent à reproduire le tracé sur le mur. Travail minutieux, la forme prend vie par la peinture. D’abord en blanc, puis en rouge. L’œuvre de Georges Rousse est l’œuvre photographique finale, ci dessus. Ultime image avant la transformation, « dernier regard sur l’espace, tel qu’il est à un moment donné » explique l’artiste.
Nous vous invitons à découvrir l’évolution de ce travail en vidéo (projet 1, épisode 1, 2 et 3).
- Deuxième installation
Si la première salle est symbolique, la seconde est emblématique. Il s’agit du hall d’entrée du bâtiment, qui sera également la future entrée du Musée. Séduit par les proportions monumentales de cette pièce, Georges Rousse a été immédiatement charmé par l’invitation de la Fondation Regards de Provence à intervenir dans l’ancienne Station Sanitaire de Marseille. Alors que le photographe-plasticien voue une affection particulière pour l’architecture de Pouillon, la situation géographique du bâtiment a renforcé son attrait pour le projet. Méditerranéen par ses voyages (Israël, Égypte, Espagne, Italie…), c’est du sang « sudiste » qui coule dans les veines de l’artiste. Coup de cœur pour Marseille, enthousiasme pour le lieu : Georges Rousse fut bien loti. L’ horizon a portée de main, cet immense rond rouge (non terminé sur la photo ci-contre) symbolise l’incandescence du soleil au moment de disparaître. Forme et couleur impressionnent la rétine, comme si cette dernière était brulée par le soleil. Métaphore du feu, le premier coup d’ œil sur l’édifice est surprenant. L’originalité de cette installation, dont l’œuvre photographique finale ne sera dévoilée qu’en 2013 lors de l’ouverture du musée Regards de Provence, révèle une structure spectaculaire. Depuis son intervention au château de Chambord cet été où l’artiste n’avait le droit de toucher aucun mur ni aucune poutre, son interrogation porte sur comment investir des lieux sans laisser de traces de son passage. Une exigence difficile pour quelqu’un qui ne s’impose aucune contrainte depuis plus de trente ans. « Les lieux abandonnés sont des lieux de liberté » explique t-il, « si je veux casser un mur, je le casse, si je veux le peindre, je le peint ». Pourtant depuis quelques semaines, Georges Rousse expérimente un nouveau type d’installation anamorphique, entièrement construit dans l’espace. Une installation inédite, dans un lieu insolite. Georges Rousse raconte que « la photographie finale est la mémoire de ce lieu à un moment donné ».
Nous vous invitons à découvrir l’évolution de ce travail en vidéo (projet 2, épisode 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9).