Guitar Shop & La vie moderne
Dans le cadre de la 26ème édition de la Fiesta des Suds, dont le Département des Bouches-du-Rhône est partenaire principal, le Musée Regards de Provence a produit une installation de l’artiste Joris Ghilini en résidence de création aux ateliers du Dock des Suds, où il a réalisé une œuvre cubique en bois intitulée Guitar shop. Associée à trois autres diptyques titrés La vie moderne, cette exposition dans le hall du musée est une invitation à une atmosphère musicale et festive, qui fait écho à la programmation artistique, populaire et audacieuse du festival. Exposition dans le hall du musée jusqu'au 7 janvier 2018.
Joris Ghilini cultive l’art des contrastes et des rencontres inattendues avec Guitar Shop et La vie moderne, en regard des deux expositions Poésie de Joseph Inguimberty et Escales méditerranéennes présentées dans le musée.
Le Guitar Shop visible sous tous les angles nous invite à en faire le tour et nous fait ainsi passer d’un improbable empilement de caisses de transport que l’on pourrait trouver sur les quais du port de Marseille… à la devanture d’un magasin de musique des sixties.
Fabriquer de toutes pièces un magasin et ses propres instruments, c’est prendre le contrepied de notre société actuelle faite d’objets standardisés et de grandes surfaces, afin d’évoquer au-delà de la désuétude d’une vitrine, un écrin secret présentant les répliques silencieuses de trois icones du XXème siècle : Gibson SG, Gibson Explorer et Fender Telecaster.
Si l’œuvre nous renvoie à un magasin apparemment fermé, le spectateur sera convié, par un jeu de miroir, à s’échapper grâce à la mise en abîme des objets qu’il contient, contemplant alors un paysage infini avec ce sentiment que tout n’est plus simplement immédiat mais en perpétuel développement dans le temps.
La vie moderne reprend la même thématique que le Guitar Shop en associant une guitare avec un tableau positionné dans une caisse de transport. Ces diptyques témoignent d’une époque et d’un mode de vie aujourd’hui révolus. Si la vision d’une nature morte (Henri Fantin-Latour), d’un paysage hollandais (Jacob van Ruisdael) ou d’un roman capriccio (Giovanni Paolo Panini) reste immuable dans le temps, elle se heurte à l’esthétique année 50 bien inscrite dans la culture populaire de la guitare électrique.
Cette dualité est précisément ce qui les rapproche. Si l’un est culte l’autre est historique et sont en harmonie. Entre la présence et l’absence, le dedans et le dehors, les vivants et les spectres… il y aura ainsi ce désir de retrouver une sorte de simplicité, avec la volonté de réinvestir un monde qui se dérobe.