Jusqu'au 23 avril 2017, le Musée Regards de Provence met à l’honneur le peintre, affichiste, lithographe, portraitiste, illustrateur et décorateur, David Dellepiane (1866-1932). Provençal singulier, son approche mêle tradition et expérimentation. A la frontière des arts décoratifs, son œuvre, protéiforme, est pourtant d’une grande cohérence et d’une égale sensibilité. Cette exposition révèle les multiples facettes de son talent et permet d’apprécier ses champs d’inspiration et sa production dans sa diversité. Près d’une centaine de toiles, aquarelles, projets et affiches, provenant pour la plupart de collections privées jamais révélées au public, de musées et galeries, concourent à reconstituer le parcours d’un sincère aventurier de l’art, profondément attaché à Marseille et à la Provence.
Une lignée d’artisans d’art
Né à Gênes, dès l’âge de 9 ans, les Dellepiane s’installent à Marseille, dans le vieux quartier Saint-Jean où le jeune David grandit à l’ombre du port, entre la Tourette et la Cathédrale. Enfant de Marseille cosmopolite, la proximité du Vieux-Port fut une constante invitation au voyage et une réelle source d’inspiration.
Avec l’ouverture du canal de Suez le 18 novembre 1869, la Méditerranée se positionnait comme trait d’union entre Orient et Occident, rôle qu’elle avait tenu jusqu’au XVIème siècle. Marseille pouvait porter alors son titre de « Porte de l’Orient ».
L’ambiance artistique quotidienne riche de fantaisie de sa famille artisan d’art, a favorisé l’éclosion de sa vocation, sa curiosité, sa motivation pour le travail bien fait, ses gouts éclectiques, son sens de l’humour, son intérêt pour l’histoire et l’archéologie, mais aussi la patience et l’humilité.
Formé à l’école des Beaux-arts de Marseille et au sein de plusieurs ateliers, l’influence de ses professeurs mêlée de celle de la proximité du port à une connaissance indéniable de la navigation l’amène naturellement à se tourner vers le genre de la marine.
Vers une modernité tempérée
Sa période parisienne apparaît comme le moment du basculement de l’artiste dans la modernité, à l’approche de l’Art nouveau. La découverte du Louvre, ses visites de galeries avant-gardistes, magasins de chinoiseries et de japonaiseries très en vogue, ont marqué ses recherches en matière picturale. Motivé par des expériences vécues et des connaissances acquises à Paris et à Gênes, de retour à Marseille en 1890, Dellepiane produit en abondance tant sur la pierre lithographique que sur la toile, des scènes de genre, portraits de groupe, vues du port de Marseille et paysages provençaux.
D’abord de facture académique, la peinture de Dellepiane ne cesse d’évoluer. Il ne s’agit pas particulièrement d’une évolution chronologique, linéaire et bien établie, mais plutôt du résultat d’expériences, qui lui permettent d’intégrer à son œuvre, au gré de ses inspirations, des techniques qui sont dans l’air du temps et qu’il s’approprie sans difficulté.
Avec son ami Alfred Casile, il peint sur le motif, à la suite des peintres de l’Ecole de Marseille formés par Loubon. Mais il se distingue très vite d’eux par son éclectisme, la boulimie des sources qui le retiennent, la diversité des courants qui traversent son œuvre. Le peintre se laisse par exemple séduire par le rendu pointilliste, qu’il adapte dans une touche vibrante qui confère à ses compositions une sorte de flou accentuant la mise à distance du sujet.
Influencé par le développement du japonisme, de la naissance et de l’épanouissement de l’Art Nouveau puis de l’Art Déco, il a mêlé ces vocabulaires artistiques avec audace. Il leur emprunte une interprétation originale de la mise en page et du cadrage, qu’il mettra notamment en œuvre dans les nombreux projets publicitaires dont il est chargé, après son éclatante réalisation pour les fêtes commémoratives du 25ème centenaire de la fondation de Marseille, dont l’affiche incarnant le mythe de Gyptis et Protis, abondamment placardée sur les murs de la ville, marque pour plusieurs générations la mémoire des marseillais. Dellepiane sera par la suite chargé de réaliser les affiches pour les Expositions coloniales de 1906 et 1922, de promouvoir les liaisons des compagnies maritimes au départ de Marseille, la ligne de chemin de fer PLM, les syndicats d’initiative naissants…
Cette exposition est soutenue par AG2R LA MONDIALE, mécène principal, et la Société Marseillaise du Tunnel Prado Carénage, mécène bâtisseur du musée en 2013.
Le Musée est ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h.
Tarif normal 2 expositions : 6,50 € – Tarifs réduits : 5,50 € – 4,70 € – 2 € – Gratuit pour le Pass Musées et City Pass.
• Visite commentée gratuite, hors groupes, sur réservation le samedi à 10h30 : tarif d’entrée uniquement (6 à 25 personnes maximum)
• Visites commentées pour les groupes sur réservation du lundi au samedi : tarif d’entrée + 6 € / personne (6 à 30 personnes max.)
• Visites commentées, hors groupes, sur réservation : mardi et samedi à 15h : tarif d’entrée + 6 € / personne (6 à 30 personnes max.).