Du 1 décembre 2023 au 21 avril 2024, le Musée Regards de Provence présente l’exposition « Poésie de Jean-Pierre Blanche » qui met à l’honneur un artiste emblématique de la scène artistique du Sud, dont la riche production rassemble des portraits, ses visions du Midi, de la nature, du bord de mer, de la nuit... Jean-Pierre Blanche (1927-2022) transcrit le paysage méditerranéen dans toute sa diversité, avec une touche sensible marquée par un sens aigu du rythme, de l’espace et des couleurs. Mêlant observation et souvenir, cultivant le choix du fusain, du pastel ou de l’huile pour exprimer les tons de la lumière, l’artiste nous transporte dans son univers profond et poétique.
Avant la Provence, son terrain d’expérimentations fut l’Algérie, où, lauréat du prix Abd-el-Tif en 1955, il séjourna deux ans lorsqu’il n’en avait pas même trente. Il découvre le Maghreb, Alger, Oran et Bône et est fasciné par le Sahara. Les paysages – plus rarement les portraits – qu’il en ramènera sont d’une étonnante diversité, traduisant les recherches multiples d’un artiste sans contraintes. Parfois traités dans une veine nettement « fauve », ils peuvent aussi bien déployer un camaïeu d’ocres et de bleus assourdis, très loin de l’éblouissement que connurent tant de peintres découvrant le Maghreb, de Delacroix à Matisse en passant par Chassériau.
Jean-Pierre Blanche, arpenteur infatigable de la campagne un crayon à la main, à la façon de ses illustres prédécesseurs comme Monticelli ou Cézanne, est avant tout un artiste de l’atelier. Il traduit en langage pictural ses impressions, ses émotions vécues face à un paysage et met en forme sa vision subjective de la nature. Bien que figurative, cette vision qui tend vers l’abstraction et la synthèse, dépasse largement le réalisme, au profit de l’émotion qui émane de la perception du monde.
Comme chez Cézanne, les paysages de Blanche sont bruts, telluriques, géométrisés. Ils sont peuplés d’arbres massifs qui envahissent l’espace de la toile et bloquent la fuite du regard vers l’horizon. Ils sont minéraux et vierges de toute présence humaine. Ils vont à l’essence-même des choses, hors de toute anecdote. A ce titre, son voyage à Vauvenargues prend valeur de symbole.
L’un des aspects frappants de l’œuvre de Jean-Pierre Blanche réside dans sa manière très personnelle d’explorer les territoires les plus divers, tout en se fixant épisodiquement sur un sujet précis qui sera alors inlassablement réinterprété. Les hautes herbes et les arbres – en premier lieu le cèdre tricentenaire – de Pont-Rout, le domaine noyé dans une nuit jamais tout à fait obscure, sont des motifs récurrents dont il cherchera à épuiser les ressources, parfois à travers plusieurs dizaines de tableaux. Cette quête incessante des évolutions de lumière et de couleurs d’un sujet unique relève dans une certaine mesure de la démarche impressionniste, quoique le résultat soit bien différent. Que changent la saison, la météo ou l’heure de la journée, et l’atmosphère, les valeurs de tons s’en trouvent métamorphosées. Grand voyageur, on retrouve dans ses carnets de voyage, les alentours d’Aix, la Crau, les Alpilles et le Ventoux, les Salines de Camargue, et la Corniche de Marseille.
Vers la fin des années 2000, Jean-Pierre Blanche commence à s’intéresser au thème de la nuit, dans laquelle des formes nouvelles surgissent, épurées, réduites à l’essentiel, lui permettant de renouveler ses recherches de paysagiste. La nature et l’architecture s’y rencontrent. Une fenêtre éclairée projette des ombres sur le sol, relevant une influence assumée d’Edward Hopper. Cette façon de réduire le monde réel à quelques signes essentiels le rapproche du minimalisme et de la monochromie.
La puissance de son art provient de son expressivité, non de la chose représentée, il n’y a jamais chez lui de quête du pittoresque ni du grandiose. Dans ses paysages des Salines, de la Crau et de la garrigue montpelliéraine, sa fascination le porte vers les grandes étendues planes, qui lui permettent de restituer un jeu complexe d’horizontales, de verticales et de diagonales, car pour lui la puissance de la couleur ne fait jamais disparaître la ligne. La réalité de ses paysages ne compte pas tant que sa manière de rendre la lumière, d’exprimer une intuition, tant la vérité géographique n’est pas sa principale préoccupation.
Couvrant l’ensemble de sa carrière depuis les années 1950 jusqu’à ses dernières réalisations, la grande rétrospective au Musée Regards de Provence de quelques 130 œuvres permet d’embrasser 70 ans d’une production très diverse dans ses sujets, mais marquée par cette même quête fondamentale de la couleur et de la lumière, dont l’univers aura été le pourtour méditerranéen dans toute sa diversité.
Le commissariat de l’exposition est assuré par Michel Hilaire, Conservateur général du patrimoine & Directeur du Musée Fabre de Montpellier, en collaboration avec les héritiers de Jean-Pierre Banche, Pierre Dumon, président de l’Association Regards de Provence et Adeline Dumon, directrice du Musée.
Un catalogue de l’exposition reproduit l’intégralité des œuvres présentées, associées aux textes de Michel Hilaire.
Informations pratiques et Visites du Musée Regards de Provence
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
Billet exposition temporaire : Plein Tarif : 8,50€. Tarifs réduits: 7,50€ – 6,70€ – 5,70 € – 4,00€ – 3,00€.
Visites commentées hors groupe : tarif d’entrée + 7€ /pers. (hors groupe), le mardi et samedi à 15h sur réservation.
Visites commentées pour groupe : tarif d’entrée + 7€ /pers., tous les jours sur réservation.
Visite commentée gratuite hors groupe le premier samedi de chaque mois à 10h30, hors droit d’entrée (plein tarif) sur réservation (6 à 25 personnes).